La maquette numérique d’un objet manufacturé s’intéresse à un produit « nouveau », indépendamment de l’environnement dans lequel il évolue (véhicule par exemple). De la même façon, le BIM (concernant le bâtiment) n’est qu’une vision désincarnée, dé-contextualisée d’un bâtiment souvent non raccordé à l’environnement urbain existant. Les fondations sont modélisées ainsi que le raccordement aux réseaux, mais le sol n’est pas représenté. Le parti pris est clairement la modélisation de l’objet final (donc une activité de conception). Les étapes de la construction incluant par exemple les arrêts de coulage, les outils nécessaires, la logistique et les éléments temporaires, ne sont pas modélisées.
Un prolongement de cette approche venue de l’activité manufacturière se retrouve dans certaine tentatives d’évolution dans le secteur du BTP. Il s’agit de partir du modèle IFC pour le bâtiment, et de vérifier sa validité sur d’autres objets du BTP. Une première version IFC Bridge dont l’objet est d’étendre le champ d’application du BIM aux ouvrages d’art a été proposée, mais non encore mise en œuvre par les éditeurs de logiciels. D’un point de vue conceptuel, elle reste une extension du modèle Bâtiment, focalisé sur la conception et sans prise en compte de l’environnement extérieur, en particulier du sol.
Il existe des logiciels de tracés routiers ou ferroviaires qui permettent la description de la ligne rouge du projet, des profils en travers et calculent les entrées en terre. Mais l’approche est une approche surfacique, décrivant le terrain naturel avant le projet et le terrain naturel à la fin du projet. Les déblais et remblais ne sont pas modélisés comme des « objets volumiques ». De plus, le phasage de réalisation nécessite des extractions et des remblais consécutifs. Comme exemple, on peut citer la purge en pied de remblai, dont l’espace libéré serait partiellement comblé par le remblai réalisé par-dessus ; ou le déblai dont les talus seraient recouverts de terre végétale et le fond porterait les couches de forme supportant le revêtement de chaussée ou le ballast de la voie.
L’analyse de l’impact du projet sur l’environnement s’appuie sur un système d’information géographique (SIG) décrivant les données environnantes. Les SIG sont majoritairement 2D, avec une intégration faible avec les BIM ou autres maquettes.
Il n’existe à ce jour aucun logiciel capable de traiter tous les types de structures rencontrés dans un projet d’infrastructure. Plusieurs logiciels différents sont donc utilisés avec une interopérabilité faible.
En général, la sauvegarde d’un modèle est un fichier unique qui ne distingue pas les différents objets. La gestion des versions se limite à la gestion des fichiers des sauvegardes sans identifications des modifications d’une sauvegarde à l’autre. De fait, c’est une gestion « manuelle » à la charge du projeteur.
Il n’existe pas de format neutre d’échange. Il manque des outils de contrôle de données, comme on commence à en voir apparaître dans le bâtiment (Solibri Model Checker). Il manque des standards d’organisation des données pour encadrer les échanges de données.